mardi 5 décembre 2006

VOYAGE À BERAT

Après quelques jours de rangement et de retrouvailles à Elbasan, me voici de nouveau en voyage. Je suis partie samedi matin avec Vilson, mon frère albanais, dans sa famille à Berat. Cette ville à l’architecture macédonienne est une des plus belles d’Albanie :

Nous avons fait le trajet en bus et après deux bonnes heures de route nous voici arrivés à destination. Le bus s’arrête en ville, nous avons donc continué en minibus pour rejoindre le village à 6 kilomètres de là. Nous sommes arrivés à Bilçe (ne pas confondre avec "biçe" qui veut dire "prostituée", erreur que j’ai bien sur fait dès le premier jour !) sous un beau soleil. Malheureusement c’est un village qui ne vit que des olives et en ce moment elles manquent cruellement d’eau, tout le monde attend la pluie.

J’ai été accueillie à bras ouvert par toute la famille. La mère de Soni était surprise que je ne sois pas hautaine (quelle réputation ont les français ?) et nous avons très vite lié amitié. Je suis restée quatre jours au lieu de deux chez ces gens si chaleureux.

Nous avons visité les oliveraies, marché dans des montagnes magnifiques qui prennent déjà les teintes de l’automne. Nous avons mangé chez les grands-parents de Vilson, regardé les photos de famille et j’ai pu découvrir l’histoire de chacun. Certains sont restés au village quand d’autres sont en Grèce ou à la ville.
Dimanche j’ai assisté à un mariage traditionnel. Cet évènement se déroule sur trois jours. Le premier est jour de fête pour les amis des mariés. Le deuxième est le jour où la fille invite ses proches. Enfin le troisième est celui où le garçon va chercher la fille chez elle pour l’emmener chez lui où elle vivra ensuite avec les beaux-parents du mari :

C’est ce dernier auquel j’ai assisté. Toute la famille de la mariée était en pleurs en voyant partir leur fille. Les musiciens tsiganes jouaient devant la maison tandis que les mariés préparaient les valises et le départ. Ce n’était pas aussi joyeux que l’on se représente un mariage en France mais les conditions sont bien différentes et justifient largement la tristesse de certains.

Vilson est un de mes étudiants de l’année dernière, il parle très bien français et m’a servi de traducteur plus d’une fois. Mais bien souvent j’étais seule avec les femmes (tantes, mère, sœur, grand-mère). Nous avons passé beaucoup de temps à discuter autour d’un café ou d’un jus de fruit, mon albanais s’est amélioré grâce à cette immersion et j’ai pu communiquer un minimum avec les proches et amis de Soni.
J’ai goûté de nombreux plats albanais excellents, dont le "gjell " (préparation de viande en sauce) et le "pershesh me pulë" (poulet accompagné de polenta).
Un après-midi, nous avons écrasé le raisin pour faire du vin et du raki. Vilson piétinait les sacs remplis de fruits, je récupérais le liquide dans une bassine et sa mère gérait le remplissage des sacs et bidons. J’espère que le breuvage sera bon…même si Soni est musulman pratiquant et qu’il ne le goûtera pas ! Nous sommes aussi retournés à Berat, à la recherche d’Egla, la jeune fille qui m’avait servi de guide lors de ma première visite, l’année dernière. Malheureusement, elle n’était pas là, aussi c’est Vilson qui a pris le relais de guide touristique :

J’ai été surprise de croiser ses copains qui lui demandaient qui j’étais et quand il répondait "c’est ma prof !" personne ne semblait étonné de ma présence. La relation étudiant / enseignant n’a décidemment rien à voir avec la France.
J’ai reçu avant de partir de nombreux cadeaux (huile d’olive, bijoux, fleurs, vase…) mais celui qui m’a le plus touché reste l’accueil qui m’a été offert et qui demeurera un grand moment de générosité dans cette découverte du pays.
Nous sommes donc repartis mardi midi, moi, le cœur gros de quitter ces nouveaux amis et pourtant plein du bonheur d’avoir vécu une autre partie de la vie albanaise.
J’ai beaucoup appris, compris la douleur de cette mariée qui quitte les siens pour aller vivre chez d’autres, ressenti l’appréhension de Gerta, la jeune sœur de Vilson, qui partira l’année prochaine pour suivre son mari en Grèce, lu dans ses yeux le désarroi du frère qui se résigne à laisser partir sa sœur et à ne la voir que deux semaines par an, le temps de trop courtes vacances en Albanie. Lui ne pourra pas lui rendre visite car il n’aura pas le visa…j’ai aussi souhaité la pluie pour redonner consistance aux olives desséchées et permettre à tous une récolte suffisante pour vivre une année. La fatalité permet de supporter ces déchirements et difficultés et leur fait apprécier le présent à cent pour cent, bravo à eux !
Aujourd’hui, mercredi, j’ai fait passé l’examen de rattrapage à ceux qui ont échoué en juin. C’est bon de retourner à l’Université, de retrouver les collègues et les étudiants. Cette année nous travaillerons le matin contrairement à l’année passée. La rentrée est le 2 octobre, je suis pressée de reprendre les cours. Nous prévoyons déjà une fête pour tous les francophones et l’accueil des premières années dans le pub où nous avions fait la soirée de fin d’année.
Vous voyez, ça commence bien, bonne ambiance au programme, et ensuite boulot !!!
Je vous embrasse très fort.
Mirupafshim.
Meli

Libellés : , , , ,